Le XVIIIe siècle a marqué une époque de révolutions sociales, politiques et intellectuelles intenses en Europe. Cette période a également été le témoin de projets utopiques singuliers visant à réformer la société de diverses manières. L'un de ces projets, en particulier, se concentrait sur le rêve d'un retour des Juifs dans le sud de l'Italie, une région d'où ils avaient été marginalisés, puis expulsés de Sicile en janvier 1493, puis du royaume de Naples en 1510-1515 et en 1541, si bien qu’ils avaient disparu du sud de l’Italie au milieu du XVIe siècle. Cette étude se propose d'explorer "L'Utopie du Retour" en tant que concept se développant à la frontière entre le désir de la constitution d'une communauté idéale, fondée sur la coexistence, l'acceptation et l'intégration, et les réalités socio-politiques concrètes du Royaume de Naples entre 1740 et 1747. Ce travail cherche à révéler les dynamiques qui existent entre le rêve communautaire et les initiatives pratiques de réintégration des Juifs par l'analyse des prémisses utopiques de la première moitié du XVIIIe siècle qui présentaient à la fois une vision idéalisée de l'harmonie sociale et des stratégies pour la réinsertion concrète des Juifs dans la vie civile et culturelle du Sud Italie. L’enquête se concentrera particulièrement sur la manière dont l'utopie, pensée et désirée par des groupes d'individus unis par un commun élan de justice et d'égalité, était confrontée aux résistances, aux préjugés et aux réalités politiques de l'époque, sous le règne de don Carlos. Cette étude vise en même temps à comprendre le paradoxe du projet de réintégration des Juifs qui a pu être considéré par ses promoteurs comme la réalisation de cette utopie, tout en posant des limites à la transformation des rêves en réalité.